Cohérence sclérosante
Nos organisations sont la résultante des interactions de nos expériences individuelles et collectives. La préservation de notre cohérence interne induit la lenteur du changement externe. Notre mode de pensée, notre système interne doit changer pour établir un système externe différent.

Dans mes derniers articles¹, j’évoquais le fait que les différents systèmes avec lesquels nous sommes en interaction ont été établis et sont maintenus et dirigés directement ou indirectement par la pensée de personnes humaines.
Une frontière, une entreprise, la monnaie et même le concept de temps sont des conventions entre êtres humains pour organiser notre vie collective.
C’est tout autant le cas des différentes idéologies et concepts tels que le néolibéralisme, la diversité et l’inclusion, la productivité ou l’intelligence artificielle.
Beaucoup de ces idées se sont développées et se sont sédimentées. Elles forment aujourd’hui ce que nous nommons cultures, normes sociales, lois, etc. Elles sont bien souvent devenues des évidences invisibles, des cohérences sclérosantes.
Par exemple
- Un enfant ne travaille pas en France aujourd’hui, c’était différent pour nos arrière-grands-parents. La loi a changé.
- L’homosexualité était considérée il y a peu de temps encore comme un délit² ou une maladie psychiatrique³,
- Rouler à droite est évident pour un Français, pas pour un Anglais.
- Pour mes enfants, un téléviseur est forcément en couleur et muni d’une télécommande.
Au-delà des forces d’inerties ou de pouvoir, qui sont aussi des constructions de la pensée humaine, nos institutions et nos organisations sont aujourd’hui la résultante dynamique des interactions de nos expériences individuelles et collectives et de notre contexte global.
Notre pensée influence le système. Le système influence notre pensée. Le tout maintient une forme d’équilibre. Jusqu’à un certain point, le système s’autoentretient au point parfois de se fossiliser, de se scléroser.
Préserver la cohérence, quoi qu’il en coûte
Pour nous sentir en cohérence, nous maintenons une forme d’ajustement optimisé. Si je suis trop en décalage, cela provoque une forme d’anomalie, parfois de souffrance. Cet ajustement est souvent associé à ce que nous nommons notre zone de confort.
Pour moi, la préservation de notre cohérence interne induit la lenteur du changement externe.