Laisser l’égo de côté est absurde !
À nous de faire évoluer notre présence à ses manifestations pour qu’il devienne un partenaire affûté dans l’enquête continue du processus infini que nous nommons la vie et qui s’exprime dans chacune de nos rencontres.
J’entends ce conseil donné lors d’ateliers collectifs.
Absurde ! Et selon moi, impossible !
D’ailleurs, quel est l’égo qui fait cette demande ?
L’égo ne disparaît pas, on ne peut le mettre de côté. On peut cependant prendre de la distance par rapport à ce qu’il génère en nous de sensations, d’émotions et de pensées.
Je préfère avoir recours à la qualité de conscience des participants et les inviter à ne pas se laisser envahir par certaines dimensions de leur égo qui peuvent être parfois moins génératives dans certaines co-actions.
Je les invite à porter l’attention la plus fine et nuancée aux expressions de l’égo et à ses manifestations somatiques et émotionnelles durant la session.
Mettre l’égo de côté reviendrait à retirer le soliste du balai. La pièce n’est plus la même ! Le soliste donne un corps, une âme et un sens au balai, on pourrait le comparer à notre égo.
Je n’écarte jamais le mien, j’en suis de toute façon incapable.
Cependant, je m’entraîne en communauté à observer et discerner mes façons d’interpréter le monde, mes projections, mes perspectives, mes opinions ou conceptions. En m’observant dans le miroir tenu par l’autre, je cherche à déceler l’influence de l’égo, pour le mettre à jour, à le saisir pour agir en conscience.
M’interroger, seul ou dans le groupe, sur mon intention contribue aussi à cette enquête.
Différentes formes de méditations et la pleine conscience sont aussi des moyens d’entraînement, lorsque l’on est seul, pour se regarder voir notre égo.
En fait, voit-on l’égo ou simplement les impacts de sa manifestation ? Dans ce cas, cela nous permet au moins d’en percevoir les limites et d’apprendre à reconnaître les déclencheurs.
En favorisant une conscience de tout notre environnement (incluant nous-mêmes) plus attentive, curieuse et nuancée, et en pratiquant cela en groupe, nous développons conjointement la capacité de « voir » et d’accueillir nos égos avec bienveillance, flexibilité et attention grâce aux observations et partages des pairs.
L’égo devient un partenaire affûté dans l’enquête continue du processus infini que nous nommons la vie et qui s’exprime dans chacune de nos rencontres.
Il n’est alors plus nécessaire de le mettre de côté, puisque nous développons une relation plus consciente, assainie et créative.
Et vous, comment prenez-vous en considération les dimensions de l’égo dans les contextes collectifs ?
Quelles sont vos pratiques personnelles induisant une évolution de votre relation à l’égo ?
Article original publié le 4 août 2020