La cohérence, force d’attraction de notre identité

Je veux changer ! Mais une force me retient. Changer sa réalité implique de changer son regard sur le monde, pas seulement d’agir différemment. Et si notre identité avait, elle aussi, sa force gravitationnelle ? Et si cette force qui me retient était la cohérence ?

Balle d’élastique représentant la cohérence comme force d’attraction préservant et contraignant notre identité
Image par Davie Bicker de Pixabay

Je remarque que j’ai accepté comme suffisamment vraie pour mon expérience la proposition que :

  1. Je crée ma réalité au travers des interprétations que je donne aux stimuli avec lesquels je suis en interaction.
  2. J’agis en fonction cette réalité.
  3. C’est une dynamique « circulaire » perpétuelle.

Pour changer ma réalité, lorsque quelque chose ne me convient pas, je peux agir à 2 endroits :

  1. Changer mon interprétation
  2. Changer mes actions

Les 2 vont de pair. Et Se Regarder Voir, c’est aussi se regarder agir.
J’observe ma pensée et mes actions changer, la dynamique pour chacune et entre elles.

Au cours des accompagnements avec mes clients, j’ai remarqué que beaucoup de personnes se concentrent surtout sur la volonté de changer leurs actions.
Très souvent, elles ne pas remettent pas en question le schéma d’interprétation établi.

N’en ont-elles pas conscience ? Pressentent-elles ce que cela représente ?

Conscient ou pas, je (re) découvre en ce moment à quel point cela génère une dissonance, d’autant plus forte que la nouvelle action est éloignée des schémas opérationnels habituels.

Je note que dans la durée, c’est le plus souvent l’action qui finit par être dénaturée au profit de la préservation du mode d’interprétation existant.
C’est par exemple le cas, lorsque j’emprunte une technique à un autre contexte, sans m’intéresser aux principes et schémas de pensée associés.
J’interprète et utilise cette technique, sans discernement, en occultant ses sources.

Je comprends pourquoi.
Changer mon interprétation c’est accepter de mettre en cause les schémas avec lesquels je suis confortable, mes certitudes.
C’est accepter d’affecter un élément encore plus profond et sensible : mon identité.

Si la cohérence est la force d’attraction qui s’applique pour maintenir notre identité, s’en extraire demande, comme pour la gravité, beaucoup d’énergie et de conscience de soi.


Changer mon interprétation au plus proche de l’action demande de porter attention à ce que est habituellement aussi automatique que ma respiration ou mes battements cardiaques : ma pensée.
Pour moi, et pour beaucoup de personnes, c’est un effort qui demande de l’énergie et qui peut souvent est très déstabilisant.(J’ai hâte de lire vos partages en commentaire.)

Depuis quelques semaines j’ai en projet de faire évoluer mon activité et de proposer des outils qui permettent à chacun d’être curieux de sa réalité, de l’observer, de la nommer et au besoin de créer une autre réalité émergente.
Mon intention est de permettre à ceux qui le souhaitent d’agir plus en conscience.

Favoriser l’émancipation de chaque être humain en contribuant à l’évolution de notre qualité de conscience.

Pour ce projet, afin de faire connaître ma démarche, je m’intéresse à des sujets sur lesquels je portais des jugements sévères (le marketing, la pub, l’IA, les biais).
Tous ces trucs qui contribuent à abrutir les masses et nous incitent à détruire la planète. Bref, vous voyez le genre de jugements.

Je prends conscience que je confonds le sujet lui-même avec l’utilisation qui en est faite. Suis-je sensible au biais de représentativité ? Un peu comme lorsqu’on classe tous les motards dans la catégorie chauffards parce qu’une infime minorité est profondément irrespectueuse sur la route.
M’interroger sur ce biais ouvre tout un champ des possibles.

Je peux voir mes propres jugements, par exemple : « Toi qui veux être ouvert, tu rejettes par défaut tout un champ de connaissance, avant même de le connaître, juste au travers d’un aperçu, le plus souvent mauvais… Bravo ! »

Accepter n’est pas toujours simple. Et je prends conscience que la réaction de certains de mes clients vient peut-être aussi de ce phénomène.

Je vois aussi que ne pas répliquer les utilisations que je trouve abusives ou médiocres implique de ma part un effort et une attention significative.

Je ne peux pas bêtement copier les techniques ou les outils qui sont proposés. Je dois faire l’effort de remonter à la source. Je dois comprendre les principes, l’intention, le cheminement.
Je me vois insister, passer du temps pour trouver des modèles qui m’inspirent et que je trouve pertinents.

Dans cette dernière dynamique, je distingue une forme de « lutte interne » entre le besoin profond de ne pas réinventer la roue (ne pas perdre de temps inutilement) et l’énergie et le temps que me demande la recherche.
Je constate ce dilemme. Je respire, j’en constate tellement en ce moment.

Je distingue l’importance de comprendre les aspects sur lesquels je porte mes jugements, pour ne pas faire la même chose, simplement avec un habit différent.
Je décèle l’importance de reconnaître les dilemmes et de rester présent aux 2 dimensions (et parfois plus) de ces tensions.

Ce n’est pas seulement Se Regarder Voir, c’est me sentir vivre.

Sans pouvoir pointer exactement la cause, j’ai la sensation que cet apprentissage est difficile, car jusqu’à aujourd’hui, j’attribuais systématiquement une signification teintée négativement.
J’ai l’impression d’être imprégné, englué et cela rend plus difficile pour moi le discernement.

Mon espace de « départ » d’identités et d’habitudes de pensées et de gestes est confortable. C’est probablement ce que l’on appelle la zone de confort.

Je réalise à quel point tous mes automatismes m’y ramènent. Cela me demande une énergie que j’essaie de transformer en amplifiant ma curiosité, pour qu’à la fois le contexte, mon processus et le contenu de l’exercice restent soutenables.

Lorsque je prends de la hauteur sur les moments de découragement, je vois à nouveau les raccourcis automatiques se manifester.

Je prends alors conscience de la manière dont ces moments me ramènent, comme un matériau à mémoire de forme, aux schémas d’interprétations les plus imprégnés.
Je peux percevoir ces moments où « quelque chose » tente par tous les moyens de préserver une certaine identité et tout son contexte dynamique.

C’est particulièrement frappant pour moi au travers de l’influence des relations les plus proches, et dans un autre registre, des outils habituels que j’utilise.

Dans ces moments, je peux entendre au fond de moi : « À quoi bon ? » et voir la manifestation d’actions d’abandon. S’enchainent les questions du doute ou de la jalousie et la tentation de la facilité et de la récompense rapide.

Grâce à cette exploration je prends conscience à quel point la cohérence, force d’attraction qui s’applique à maintenir mon identité, est puissante en moi.
En voulant me préserver, elle rigidifie la construction de ma réalité, même (et surtout) lorsque j’aimerai changer mon interprétation pour me créer une autre réalité émergente.

Et vous, quel regard portez-vous sur votre réalité ? Qu’est-ce qui vous permet de la faire évoluer lorsqu’elle ne vous convient plus ? Comment se manifeste la force de la cohérence ?
(J’ai hâte de lire vos expériences en commentaire)

💭
Depuis longtemps, je souhaite ajouter une dimension au podcast.
Vous êtes nombreux à lire et écouter très régulièrement depuis le début de l’aventure Se Regarder Voir.
Je serais ravi d’une conversation autour du micro pour explorer ensemble notre expérience et découvrir ce que cela génère pour toi.