ÊTRE en cohérence !

Par la pratique, en restant ouvert, je développe un regard différent sur moi, sur l'autre, sur le monde et sur ma propre qualité de conscience. Je trouve cela incroyablement enrichissant et je ne suis encore qu'un apprenti. Peut-on d'ailleurs être autre chose qu'un apprenti ?

La qualité de conscience une pratique enrichissante et exigeante
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Il y a avant, après et maintenant.

Avant, j'avançais sans réelle connaissance de la notion de conscience et j'avais souvent l'impression de subir.
Après, j'ai découvert l'influence du développement et du niveau de conscience sur ma relation à l’expérience de l'instant et au sens que j'en fais.
Maintenant, je pratique ma présence à la qualité de conscience qui me permet de me regarder voir Être en cohérence !
Je cherche à me rapprocher de ce qui EST, curieux du sens que j'en fais et de la résultante pour moi et les autres, que j’espère générative.
Et vous ?

Le niveau de conscience

Depuis plus de 10 ans, j'étudie et pratique assidûment la théorie Intégrale et plus spécifiquement sa dimension développementale. La plupart des formations que j'ai suivies (coaching, facilitation et leadership embodiment) étaient dans ce champ de connaissance, auprès de différents praticiens.

Pour faire simple, en essayant de ne pas faire simpliste, cela pointe à l'évolution de notre conscience, de notre système de pensée, de notre système moral, de notre vision du monde, etc. selon différents stades progressifs au travers de 4 quadrants délimités par les dimensions subjective --- objective et individuelle - collective.
Les théoriciens précisent que "plus" n'est pas synonyme de "mieux" ; cependant pour beaucoup, dont moi pendant longtemps, il semble important d'aller vers les stades avancés en intégrant au mieux les 4 quadrants.

J'ai trouvé beaucoup de choses très pertinentes pour moi dans ce cheminement.
Il y a cependant une dimension que j'apprécie moins, celle d'une forme de supériorité des stades plus avancés induisant le fait que le développement devient nécessaire et qu'il est de la responsabilité des plus conscients de développer les autres pour le bien de tous.
On retrouve cette dynamique dans certaines façons d'approcher les organisations opales (Teal) ou délibérément développementales, le leadership conscient, ou même l'agilité, etc.

Cependant, je trouve que la théorie Intégrale et sa dimension développementale restent des grilles de lecture très intéressantes lorsque je ne les utilise pas comme un outil prescriptif.

La qualité de conscience

Plus récemment, je me suis intéressé à d'autres travaux qui se penchent sur la qualité de conscience.
Après déjà plusieurs années d'étude et de pratique, je crois commencer à saisir la richesse et la profondeur de cette théorie de pratique, même si je ne me sens pas encore capable de la partager aisément telle que je la devine vraiment être. Paradoxalement, je crois que c'est pourtant assez accessible.


Selon ma compréhension actuelle, la qualité de conscience est fonction de 3 critères en dynamiques :

  1. la configuration des éléments (ceux de notre expérience de l'instant) que nous discernons selon notre orientation,
  2. notre proximité à ce qui se manifeste,
  3. et des attributions causales que nous appliquons et qui en résultent.

En d'autres mots, dans mon expérience de chaque moment, ce qui est vrai pour moi dépend des éléments de mon expérience que j'y inclus, de la manière dont je les configure et des liens de cause à effet que je considère dans le passé et que je projette dans le futur.

Photo de Ksenia Chernaya sur Pexels

Par exemple, en simplifiant à l'extrême, si j'ai mal au genou et que :

  1. Je considère simplement le fait que je me suis cogné hier.
  2. Je considère mon historique de blessures, mon alimentation, mes antécédents familiaux, le fait que depuis 3 semaines j'ai intensifié mon entrainement, etc., et que je me suis cogné hier.

Dans le premier cas, je conclus rapidement et indubitablement que c'est une simple contusion.
Dans le second cas, peut-être que la contusion n'est qu'un effet d'une blessure latente qui a provoqué la faiblesse de mon genou et induit le fait que je me sois cogné. Soigner la contusion ne suffira probablement pas.
Dans un cas ou l'autre, l'histoire est bien différente et mes actions aussi.

Je trouve cette théorie de pratique puissante, car elle reconnaît qu'il n'y a pas à se développer. Quel que soit notre niveau de conscience, notre ouverture à explorer notre façon de créer du sens en relation avec d'autres nous offre l'accès au potentiel d'une compréhension commune.
Je trouve que ça assainit grandement les dynamiques de pouvoir.

Le groupe et la co-action

Comment percevoir ma propre qualité de conscience puisque c'est elle-même qui me permet de faire du sens du phénomène vécu ?
Pour la saisir, il m'apparaît indispensable de pratiquer en groupe, tout en me regardant voir ma propre expérience.

C'est à la fois, les interrogations, les partages et les feedbacks des autres, ainsi que les écarts perçus, qui me permettent de déceler les absences, d'explorer d'autres configurations (un autre récit) et d'expliciter les orientations (valeurs et intentions profondes souvent implicites).

Dans le même temps, la présence de l'autre agit sur moi et me transforme, tout comme un organisme dans un milieu de culture va évoluer en lien avec son habitat.
Cette dynamique est nommée co-action par Haskell¹ et présente 8 résultantes possibles de mon interaction avec le groupe². La 9e, [0,0], est le moment initial, le début de la conversation par exemple.

Dans l'échange, ce qui est dit peut provoquer pour moi des anomalies, me déstabiliser, ou me renforcer. Par la pratique, en restant ouvert, je développe un regard différent sur moi, sur l'autre, sur le monde, sur ma propre qualité de conscience.
Je trouve cela incroyablement enrichissant et je ne suis encore qu'un apprenti. Peut-on d'ailleurs être autre chose qu'un apprenti ?

Pratique

Cette semaine je vous propose la pratique suivante.
Lors d'une prochaine conversation ou en (ré)écoutant l'audio de cet article, je vous invite à être le plus ouvert possible à ce qui se présente à vous à chaque instant et considérer les questions ci-dessous :

🤸
1. Que se passe-t-il lorsque je comprends ou ne comprends pas ?
2. Que se passe-t-il lorsque j'ai le sentiment d’avoir tort ou que l’autre (ici l’auteur) à tort ?
3. Quels jugements, conclusions ou questions émergent en moi ? Comment mon corps m'en informe-t-il ?
4. Qu'est-ce qui se transforme en moi (tête/cœur/corps) à chaque instant pendant la conversation ou l'écoute ?
5. Quel est le bilan de la co-action pour moi et pour le collectif dans le cas d'une conversation ?

La qualité de conscience dans l'organisation

Je suis touché et attristé par ce qui m'apparait être une absence de considération de ces aspects du fonctionnement humain, notamment les interactions, dans les organisations.

Est-ce l'orientation mécanistique, capitalistique court-termiste qui influence elle-même les limites qui sont imposées aux éléments pris en considération et aux configurations possibles ?
Est-ce le fait d'une orientation sur le temps court qui pousse à ne pas prendre le temps de traiter ensemble les anomalies, les injonctions contradictoires pour nous reconfigurer dans le collectif ?
Peut-on parler de qualité de conscience d'un groupe ? Si oui, quelle attention le groupe y accorde-t-il ?

Il me semble pourtant que l'impact d'une telle pratique intentionnelle pourrait être significatif face à bien des défis rencontrés aujourd'hui dans les entreprises ou dans la société.

Finalement, je constate qu'il y a quelques éléments indispensables et parmi ceux-là : le temps, la confiance et la sécurité.
Sans ces éléments, la co-action [moi, organisation] est presque systématiquement neutre ou négative pour moi.
Quel est alors l'impact sur ma santé et celle de l'organisation, lorsque cette co-action est neutre à court terme au mieux, et souvent négative à long terme, même pour l’organisation ?
Je m’interroge alors sur les conséquences sur ma qualité de conscience dans ce contexte, les interprétations des événements alors formées et les décisions qui en découlent. Comment préserver mon intention de générativité ?

Pour résumer

Un biais développemental induit des dynamiques de pouvoir.
La qualité de conscience est différente et déjà présente.
La pratique nécessite un espace collectif sécuritaire.
L'attention collective permet de rechercher la symbiose [+,+].
L'inattention péjore la santé de l'humain et de l'organisation.

Et si, pour la conscience aussi, on préférait la qualité à la quantité ? Qu’en pensez-vous ?


  1. https://synearth.net/trust-2015/Haskell/FC/FC.htm.
  2. J'y reviendrai dans un article qui sera republié ici prochainement.
Tremeur Balbous on LinkedIn: Se comprendre vraiment, un coup de chance ! Et d’entrainement.🍀… | 11 comments
Se comprendre vraiment, un coup de chance ! Et d’entrainement.🍀 Avez-vous l’impression que se comprendre tient du coup de chance ?Moi, très souvent ! Et… | 11 comments on LinkedIn

Crédit : Photo de Dylan Chan provenant de Pexels pour illustre la pratique.